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La voie romaine d'Asprenas et la grande centuriation de Tunisie [1]



En reconnaissance au capitaine R. Donau, leur découvreur et en remerciement
à M. R. Chevallier qui nous a vivement encouragé dans ces recherches.

On doit au capitaine Raymond Donau[2] qui passera la plus grande partie de sa carrière militaire à sillonner la Tunisie, la découverte de la voie d’Asprenas et de la grande centuriation, deux monuments géographiques romains de Tunisie. Ceux-ci joueront un rôle considérable dans l’histoire de l’Afrique romaine et leur importance sera remarquablement reconnue par M. Raymond Chevallier. Il publiera un atlas des centuriations de Tunisie[3] et un vaste panorama des voies du monde romain[4]. Tous deux ont pratiqué la reconnaissance sur le terrain et utilisé les méthodes géographiques les plus modernes de leur époque. C’est en hommage à ces deux grands précurseurs que nous avons poursuivi leurs travaux.

Une voie d’Asprenas au tracé incertain

C’est au début des années 1900 que le capitaine Raymond Donau (fig.1), le commandant du cercle militaire de Kebili, découvre au cours de ses explorations de la région du chott el Fejej plusieurs milliaires. Selon leurs épigraphies, ces bornes avaient été placées par L. N. Asprenas, le proconsul de la 3e légion Augusta à la fin du règne d’Auguste. Elles jalonnaient une voie qui commence aux camps d’hiver des légionnaires et se termine à Gabès (Tacapae), le port de la petite Syrte (fig. 2). Quelques bornes d’Asprenas avaient bien été trouvées çà et là, et la Table de Peutinger signale partiellement cette voie. Elle serait la plus ancienne route bornée d’Afrique du Nord et l’on pensait qu’elle commençait à Theveste, la ville algérienne de Tébessa près de la frontière tunisienne. Il importait donc au capitaine Donau de reconnaître entièrement cette voie en la remontant méthodiquement depuis la mer et en ralliant son caput viae. Il commence une première exploration et signale mille après mille plusieurs bornes d’époques différentes entre Gabès et Gafsa[5]. Ce premier tracé étant précisé, il poursuivit ses recherches systématiques jusqu’à Theveste, retrouve des vestiges de voie, d’autres bornes impériales mais aucun milliaire signé du proconsul[6]. Selon son dernier pointage, la dernière borne d’Asprenas se trouve entre El Guetar et Gafsa, c'est-à-dire à 115 milles (185 km) du camp. Il constate aussi qu’à partir de Thelepte, un important carrefour près de Feriana dans l’ouest tunisien (fig.2), la distance jusqu’au camp présumé de Tébessa n’est plus compatible avec le millage d’Asprenas. Il en conclut que la voie ne passait pas par là et que son tracé dans sa partie septentrionale restait incertain.

Il faudra attendre plusieurs années avant d’admettre que la 3e légion Auguste occupait non pas Theveste, mais Haïdra (Ammaedara) en Tunisie avant son transfert dans cette seconde cité. D’autres recherches viendront préciser l’immense réseau routier romain de cette région pour en souligner toute sa complexité. P. Salama[7] signale en particulier dans son excellente carte une bretelle qui part de Thelepte, passe par Menegere et Menegesem et qui atteint Ammaedara à travers le territoire des Musulames (fig. 2). La traversée des terres de cette puissante confédération par la voie militaire d’Asprenas serait pour J.-M. Lassère[8] le facteur déclenchant de la guerre de Tacfarinas. Depuis, aucune autre borne d’Asprenas n’a été retrouvée et l’on s’interroge toujours sur le tracé exact de cette voie stratégique. Il nous est donc paru naturel de repartir sur les traces du colonel Donau afin de relever systématiquement tous les milliaires en place et de tenter une jonction possible avec le Q.G. de la légion.


Fig. 1 Le commandant Donau au poste de Déhibat en 1910. (3e. personnage à gauche en vareuse sombre. Document aimablement communiqué par M. Th. Donneaux )
Fig. 1 Le commandant Donau au poste de Déhibat en 1910.
(3e. personnage à gauche en vareuse sombre. Document aimablement communiqué par M. Th. Donneaux )


Une centuriation de grande ampleur

Au cours de ces recherches, le capitaine Donau était tombé inopinément sur une pierre bien particulière. Elle porte inscrites ses distances par rapport à deux axes, le decumanus maximus et le kardo maximus[9]. Cette borne se trouve non plus sur une voie romaine mais au noeud d’un réseau cadastré. Cette découverte jugée d’une «importance fort grande» incite Donau à poursuivre les recherches avec l’aide de ses officiers topographes. Il en signale une quinzaine[10] qui appartiendraient à un vaste réseau centurié couvrant tout le Centre et le Sud-est de la Tunisie (fig. 2). W. Barthel[11] verra dans ces documents cadastraux l’ébauche d’une carte romaine de l’ancienne Province d’Afrique. Quelques autres bornes seront retrouvées qui viendront enrichir les premières découvertes de Donau dont une dernière signalée par Trousset[12] en 1995.

Pour lire une carte ou une centuriation, il faut connaître son orientation et son échelle. Ici, l’échelle est donnée par la distance mesurée entre les bornes. Par contre, il est plus difficile de déterminer l’orientation du réseau compte tenu de son ampleur et de l’imprécision géographique de ses bornes. Afin de résoudre ce problème, le géomètre P. Davin[13] en a recherché cinq qu’il a mesurées précisément au théodolite. Il trouve un azimut d’environ 35°/Est confirmé par M. Legendre[14]. Celui-ci tente de trouver une référence astronomique aux levers des géomètres romains sans y parvenir. Il importait donc de poursuivre ces travaux, de retrouver ces pierres cadastrales, de les localiser avec la plus grande précision possible et de comprendre la méthode d’orientation.

Nous avons retrouvé la plupart des bornes signalées et nous en avons découvert de nouvelles inédites. Nous disposons maintenant avec ces bornes cadastrales et ces milliaires retrouvés in situ de documents archéologiques de premier ordre. Ils permettent de mieux comprendre comment ces deux monuments géographiques ont été réalisés, quels rapports existent entre eux et répondre ainsi au problème capital de leur chronologie relative.


Fig. 2. La centuriation de la Province d’Afrique et la voie d’Asprenas
Fig. 2. La centuriation de la Province d’Afrique et la voie d’Asprenas


Les bornes gromatiques tunisiennes

Il n’est pas facile de retrouver quatre-vingt dix ans plus tard au pied des montagnes une pierre taillée à partir des vagues indications laissées par leurs découvreurs. Cependant, une centuriation est une construction géométrique aux nœuds de laquelle sont placées ces bornes. On peut donc bâtir un modèle mathématique, c'est à dire un modèle prédictif qui permette de localiser une borne à partir de ses coordonnées romaines et inversement de restituer ses valeurs à partir de ses coordonnées géographiques. C'est ainsi qu'après quatre campagnes de prospection une trentaine de bornes ont été retrouvées et localisées au GPS, dont une dizaine sont inédites. Toutes les informations recueillies sur place sont répertoriées dans un catalogue général[15] dont une synthèse est présentée figure 3.
 
On peut alors calculer les paramètres du carroyage avec une précision suffisante :
 
    ▪ Origine : N 35° 42,234' ; E 8° 43,416' (WGS 84)
      Ou locus gromae : 0 474 996 ; 3 951 143 m (UTM)
    ▪ Angle d'orientation au point origine : a =35, 5° (ratio mundi = 5/7)
    ▪ Orientation au niveau des bornes : 35,2 ° (convergence des méridiens ~0,3°)
    ▪ Valeur de la centurie c = 704,5 m (pes = 0,2935m), écart type sur les bornes = 40 m


Fig. 3. Les bornes cadastrales de Tunisie.
Fig. 3. Les bornes cadastrales de Tunisie.


Discussion

L'origine calculée se situe dans la plaine du Saltus Massipianus au nord de Thala, non loin du point estimé par Barthel[16]. Ce locus gromae se trouve à près de 200 km au Nord-ouest du point central des bornes, ce qui entraîne une imprécision. Nous n'avons pas trouvé sur place d'éléments décisifs qui puissent caractériser ce point fondamental[17]. Cette région plate, favorable à la mesure d'une base à l'aide de perches, est la plaine la plus proche du camp des géomètres (Ammaedara). La différence des orientations calculées entre l'origine et le Chareb, la région où sont situées les bornes, résulte de la convergence des méridiens. La forma, la carte de la centuriation, est entièrement définie, ses axes parfaitement orientés dans l'espace géographique avec un cardo dirigé E-N-E et un décumanus S-S-E (fig. 4).

Une orientation astronomique

Si l’on examine cette carte, on remarquera que toutes les bornes de premier ordre sont disposées sur des cardines multiples de 5 (quintarii VK), tandis que les decumani (DD) sont multiples de 5 ou de 7 (fig. 4). Par exemple dans le Bled Segui, les bornes B.24 (DD 98, VK 230), B.20 (DD 91, VK 235) et B.19 (DD 84, VK 240) se trouvent sur la diagonale d'un rectangle 5 par 7. Cette diagonale est exactement un parallèle géographique (parallèle 39° 04,2'). Le carroyage romain est lié physiquement aux axes cardinaux, selon un azimut de 35,5°, soit un ratio 5/7 (tg 35,5° = 5/7). Ce concept d’orientation du cadastre sur le méridien selon un ratio simple, sous multiple de 5 est un résultat fondamental. Il confirme les travaux de M. Guy[18] qui avait remarqué de façon statistique que les cadastres romains sont souvent orientés selon un sous multiple de 5. Ce principe s’est révélé fructueux, puisqu’il allait rendre compte de plusieurs autres observations archéologiques, en particulier pour les orientations des centuriations de Tunisie et de Narbonnaise[19].


Fig. 4. Le carroyage romain.
Fig. 4. Le carroyage romain.


Des limites de territoire remarquables

Le capitaine Donau avait trouvé dans le Chareb deux bornes jugées essentielles par Barthel. Nous avons retrouvé la première (B.26, CIL 22787) sur laquelle on lit sur deux faces opposées Nybg(enii) et Tac(apitani), le nom de deux ethnies. Les Nybgeni sont cantonnés autour du grand chott et les Tacapitani à l’est dans la région de Gabès. Il est question aussi d'une forma (une carte) que l'empereur Nerva Trajan a transmise à l'arpenteur pour exécuter son ordre (fig. 5a). Il est précisé sur l’épigraphie de la seconde (CIL 22788) que ce même arpenteur n’a pu placer comme il convenait une borne au sommet de la montagne[20]. Celle-ci (B.7) a été retrouvée au pied de la montagne sur laquelle on lit ses coordonnées DD LXV, VK CCLXX et Nybg(enii) sur une des faces. Cette «carte d’état-major» remise par l’empereur aurait donc servi à matérialiser la frontière entre ces deux ethnies. Cette ligne de séparation correspond exactement au décumanus 65.


Fig. 5a. Borne frontière de Nerva Trajan (B.26)
entre les <I>Nybgeni </I>et les <I>Tacapitani</I>.
Fig. 5a. Borne frontière de Nerva Trajan (B.26) entre les Nybgeni et les Tacapitani.
 
Fig. 5b. Borne frontière de Nerva Trajan (B. 24) entre les <I>Nybgeni</I> et les <I>Capsenses</I>.
Fig. 5b. Borne frontière de Nerva Trajan (B. 24) entre les Nybgeni et les Capsenses.

La décumane 65, une frontière de territoire

Nous avons relevé six bornes sur ce décumanus 65 (fig. 6). Cet alignement est exceptionnel, car c’est la limite bornée la plus longue que l’on connaisse. Il commence au nord dans le Bled Segui (B.30), franchit la crête frontière que «l’arpenteur n’avait pu atteindre», traverse le Chareb, puis le chott el Fejej où l’on trouve une borne (B.14) de C. Vibius Marsus[21], le proconsul de la 3e légion chargé par l’empereur Tibère d’une opération cadastrale de la région. Une inscription douteuse sur les Nybgenii avait été signalée plus au sud au sommet du jebel Terhendourt. Cette stèle a été retrouvée et son épigraphie complétée[22]. Elle n'appartient manifestement pas à cette limitation. On serait donc en présence de deux opérations cadastrales bien distinctes : La première sous Tibère pour l’établissement d’un cadastre (limitatio), la seconde sous Trajan[23] pour le bornage d’une frontière (terminatio). La finalité géopolitique de cette centuriation de grande ampleur paraît évidente.


Fig. 6. Bornes gromatiques et milliaires du Chareb.
Fig. 6. Bornes gromatiques et milliaires du Chareb.


Le parallèle du Bled Segui, une limitation inédite

Parmi les bornes retrouvées dans le Bled Segui, trois sont placées sur la 30e diagonale[24] du carroyage romain (fig. 4). Elles se trouvent au pied de la chaîne de montagne bordant le versant nord des grands chotts. La B.24 inédite (fig. 5b) porte douze lignes de texte qui ont été déchiffrées par M. Lassère[25]. Elle concerne la mise en place d’une frontière entre la civitas Capsensium (le territoire de Gafsa) et la civitas Nybgeniorum (le territoire autour du grand chott) effectuée elle aussi sous Trajan. Cette ligne diagonale matérialisée par ces bornes frontière est parcourue à environ 250 m plus au nord par une voie romaine qui lui est parallèle. Celle-ci suit la frontière au pied des montagnes du Bled Segui (fig. 2) et distribue manifestement les nombreux forts (burgi) et autres clausurae (murailles gardées verrouillant les passes) qui fortifiaient ce limes. Cette bretelle[26] commence à l'ouest au col du Kranguet Asker de la voie «Capsa –Turris Tamalleni» et aboutit à la station de Thasarte (El Aoussej) de la voie principale d'Asprenas. Cette frontière nord du territoire des Nybgeni devait suivre très probablement la longue crête de montagne depuis le Kranguet el Asker à l’ouest jusqu’à la jonction du 65e décumanus à l’est. C’est justement en ce point, le trifinium (point triple de rencontre des frontières) indiqué sur la forma, que le géomètre devait placer sa borne sur la montagne. La fonction de carte d’état-major de cette forma est indubitable.

On remarquera que la bretelle stratégique est une diagonale du réseau centurié. Elle rentre en rapport géométrique simple avec le cadastre. Ce tracé géométrique ainsi que les deux lignes frontière s’intègrent parfaitement dans le quadrillage de la grande centuriation. Ils n’ont pu être tracés qu’à partir de «levers géodésiques» précurseurs, ceux justement qui ont servi d’ossature à cette carte d’état-major. La chronologie des opérations est sans équivoque. La centuriation a été réalisée préalablement à la construction de cette bretelle et au tracé des frontières.


Un problème de chronologie relative

On a souvent attribué au proconsul C. Vibius Marsus la réalisation, vers 29-30 après J.C., de ce grand cadastre. Cette datation n’est pas certaine. En effet, les bornes de Vibius Marsus sont très éloignées du point d’origine (le Saltus Massipianus) et du centre opérationnel des géomètres (Ammaedara) où aucune borne n’a été signalée. Or, de telles opérations d’arpentage sont longues et difficiles, d’une part à cause des montagnes à franchir et d’autre part du contexte d’hostilité rencontrée par les géomètres dans les territoires à traverser. Il a fallu probablement plusieurs années avant d’arriver dans le Chareb. Ici, l’opération de Vibius Marsus s’apparente à la distribution de lots de terres et non pas à des «levers géodésiques». On note à cet effet un découpage très fin des propriétés, et un quintarius de 5*5 centuries est mis bien en évidence par les bornes B.1, B.26 et B.27 (fig. 6). Cette mise en valeur par ce proconsul se poursuit jusqu’aux régions côtières de Gabès et de Graïba, où l’on retrouve d’autres bornes signées par lui (B.18 et B. 21). Aussi, nous n’avons aucune certitude sur la date de réalisation de cette centuriation, faute de témoins gromatiques plus septentrionaux. Cependant, nous avons noté que la voie d’Asprenas, qui est antérieure au carroyage, lui est fortement corrélée dans le Chareb. Cette corrélation qui n’est pas fortuite serait-elle unique ? Il importe donc de retrouver cette voie dans son tracé nord et de relever d’autres concomitances entre les deux. Pour ce faire, nous sommes repartis sur les pas du commandant Donau afin de relever tous les milliaires en place et de rejoindre Ammaedara en suivant tous les cheminements possibles.


La voie d’Asprenas

Fig. 7. Catalogue des milliaires de la voie d’Asprenas.
Fig. 7. Catalogue des milliaires de la voie d’Asprenas.


Les milliaires de la voie d'Asprenas

Nous avons retrouvé les milliaires de Donau ainsi que d'autres inédits. Ils sont tous rapportés dans un catalogue général [27] dont une synthèse est donnée (fig. 7). Ces bornes sont classées dans le sens décroissant[28] depuis Tacape jusqu'à l'origine. Nous avons noté pour chacune d’elles la valeur du mille épigraphié, sa position géographique dans le système UTM, certaines observations particulières et dans les dernières colonnes les distances entre les stations figurant dans les Itinéraires (fig. 8). Le nombre de bornes d'Asprenas a été porté à 24[29].


Un mille passuum exceptionnel

Donau signalait un mille passuum mesuré par les officiers topographes d'environ 1 600 m. Cette valeur est particulièrement forte comparée aux 1 481 m habituels. Nous avons calculé à partir de tous nos relevés GPS, un mille moyen «à vol d’oiseau» de 1 610m[30] qui confirme cette valeur exceptionnelle. Si l’on tient compte des dénivelés de la route, le mille arpenté est d’environ 1 617m. Pourquoi une telle différence (10 %) ? Les erreurs de mesure ne peuvent en aucun cas justifier un tel écart. Les géomètres de la 3e Légion auraient-ils utilisé un pied différent ? 0,2935m pour la centuriation et 0,3234m pour la route ? Le mille vaut ici environ 5 500 pieds[31]. L'utilisation d'un étalon différent, un pes monetalis ou un pes Ptolemeicus, en un même lieu et à une même époque ne paraît pas concevable.


Les stations de la voie d’Asprenas

Fig. 8. Table des distances de la voie d’Asprenas.
Fig. 8. Table des distances de la voie d’Asprenas.


La voie est bornée à partir des castra hiberna, tandis que les bornes impériales posées lors des différentes réfections sont comptées à partir de Tacape. La distance totale de la voie s’évalue simplement en additionnant les chiffres inscrits au même endroit sur la borne d’Asprenas et ceux de la borne impériale. Par exemple, au mille C(X)LV d’Asprenas, le milliaire de Septime Sévère porte le chiffre X(X)XVIII, ce qui fait 145 + 38 = 183 miles[32] (fig. 7).

A partir des distances kilométriques et des milles inscrits, il est possible d’établir une comparaison avec les distances portées dans les Itinéraires (fig. 8). La Table de Peutinger indique les stations et leurs distances depuis Theveste jusqu’à Tacapae. Seule la route à partir de Thelepte se confond avec la voie originelle d’Asprenas. L’Itinéraire d’Antonin est moins précis et nomme Thasarte une station qui se trouve à 18 miles d’Aquae (El Hamma). Celle-ci est appelée Silesua sur la Table de Peutinger. Silesua se trouve non pas à Henchir Maguel comme le suggérait Donau[33], mais aux puits de Biar Bouloufa (ruines romaines).

D’autres voies transversales sont signalées à partir de Theveste par les Itinéraires, en particulier vers Menegesem ou Menegere. Nous avons aussi reporté les distances relevées par Donau qui estime que Thelepte se situe à environ 48 miles de la tête de ligne. La longueur totale de la voie d’Asprenas est de 183 miles, tandis que la distance à partir de Tébessa (Theveste) est de 189 miles. C’est la raison pour laquelle Donau a estimé que cette route via Oum Ali n’était pas compatible avec le millage d’Asprenas (fig. 8).


Fig. 9a. Milliaire 147 d’Asprenas au col de Biar
Fig. 9a. Milliaire 147 d’Asprenas au col de Biar


Fig. 9b.  Milliaire 144 d’Asprenas réécrite.
Fig. 9b. Milliaire 144 d’Asprenas réécrite.


Rapport entre voie et centuriation

Au mille 153, nous avons retrouvé quatre bornes dont la borne d'Asprenas (A. 153) et la borne gromatique B.6b[34] . Celle-ci porte sur la tranche supérieure un décussis (+) et plusieurs cupules, sur la face avant dans un cadre : > L(V)II(I) et sur une face latérale D (N ou D). Dans le carroyage, elle se situe au point dd 58 (fig. 10), valeur confirmée par l'épigraphie. Ce lien organique entre voie et cadastre est fondamental. Ces deux structures sont confondues, liées intimement. Ici, le tronçon de la voie est parfaitement rectiligne sur 15 km (fig. 10) avec un azimut de 131,1°. Son ratio mundi (la tangente de cet azimut) d’environ 27/ 23 n’est pas simple. Il n'y a aucune raison de tracer la voie par rapport au soleil. Par contre, elle rentre obliquement dans la grille locale selon un ratio simple 1/4. On confirme un fait déjà constaté que la voie s'articule souvent selon un rapport simple[35] avec le cadastre associé. Les archéologues britanniques[36] ont par exemple constaté que la longue voie romaine de Carlisle rentrait dans un rapport simple ½ avec la grille de l’Ordnance Survey et concluaient que «la chaussée doit avoir été établie à partir du plan en effectuant des mesures à partir des intersections des lignes du quadrillage».

Plus au nord, dans le Bled Segui la voie prend un azimut de 107,6° entre le mille 120 et 136. Ce tronçon rectiligne rentre dans le rapport ¾ avec la centuriation[37]. Ainsi les deux structures sont parfaitement orientées l’une par rapport à l’autre, le report sur la forma est ainsi facilité. La voie est construite à partir de la grille cadastrale, et non l’inverse. Le géomètre passe toujours avant le terrassier.

D’une façon générale, le profil de la voie d’Asprenas se caractérise par une suite de tronçons rectilignes dépendant de la topographie. Cette caractéristique qui fait encore notre émerveillement est la preuve la plus tangible du passage des géomètres romains. Les travaux routiers de Nonius Asprenas en 14 après J.C. s’appuient indéniablement sur des premières opérations d’arpentage qui dateraient selon W. Barthel et R. Chevallier du règne d’Auguste. Trousset s’interrogeait sur la présence de P. Cornelius Dolabella, le spécialiste de ce genre d’opérations, dans cette partie de l’Afrique.


Fig. 10. Tracé de la voie d’Asprenas (photo Landsat).
Fig. 10. Tracé de la voie d’Asprenas (photo Landsat).


Une section de voie confirmée

Nous avons remonté depuis Gabès la voie dont les traces ont disparu et nous avons retrouvé au 10e mille près de Bir el Midassi une borne cylindrique sur laquelle on lit M X. Le comptage commence au carrefour de Sidi Menzel, un mille en amont de la ville romaine. Elle se situe 173e mille de la voie d’Asprenas et permet de préciser le cheminement entre cette ville et El Hamma (fig. 10). Les vestiges de milliaires signalés dans la région, en particulier au col de Ragouda et aux abords d’El Hamma (fig. 12) ont été recherchés en vain.


Fig. 11. Milliaire 143 d’Asprenas.
Fig. 11. Milliaire 143 d’Asprenas.


La première borne d’Asprenas rencontrée se trouve au mille 154 et on suit ensuite la voie mille après mille jusque dans le Bled Segui.

Au mille 153, nous avons déjà signalé la présence exceptionnelle de la borne gromatique B.6b au milieu du nid de milliaires.

Au mille 152, le milliaire de Fl. Valerio Constantio et de V. Maximiano Juniori indique 32 milles, soit un total de 183+ 32 = 184. C’est une exception soulignée par Donau dans la longueur totale de la voie qui fait 183 milles.

Au mille 151, l’embase d’une borne inédite d’Asprenas.

Au mille 150, une borne d’Asprenas inédite (CL), ainsi qu’une autre borne portant un décussis sur sa tranche supérieure.

Au mille 147 au col de Biar Bouloufa, une Asprenas inédite à demi enterrée (fig. 9a). Le passage du col est ainsi précisé.

Au mille 144, une borne d’Asprenas réécrite au nom de Carus/ Carinus/ Numerianus (fig. 9b).

Au mille 143, une autre borne d’Asprenas inédite[38] (fig. 11).

Entre les milles 142 et 141, une borne cylindrique au nom de Valerio à l’entrée d’Henchir Jerbi, vestige d’un ancien fort (burgus).

Aux milles 139 et 137, l’embase de deux bornes d’Asprenas.

Entre le mille 136 et 137, les ruines d’El Aoussej, la station de Thasarte. Elle est à l’écart de la voie, au raccordement avec la bretelle qui vient du Kranguet el Asker le long du limes fortifié.

Aux milles 120 et 115, les débris de bornes d’Asprenas. Cette dernière signalée par Donau ne porte aucune inscription, mais sa pierre et sa taille sont de même facture.

Ensuite nous n’avons plus rien retrouvé jusqu’à Gafsa. Le tracé est rectiligne jusqu’aux sources de Lala près du mille 94, il se confond souvent avec la route moderne (fig. 12).


Fig. 12. Voie d’Asprenas. Section sud Gabès– Gafsa.
Fig. 12. Voie d’Asprenas. Section sud Gabès– Gafsa.


Une jonction incertaine avec les castra hiberna

Au-delà de Gafsa, Donau avait retrouvé quelques traces de voie sur le tronçon Capsa- Gemellae–Thelepte. Celle-ci emprunte une piste jusqu’à Sidi Aïch (Gemellae) qu’on atteint par un diverticulum. Elle est rectiligne et orientée plein nord, c'est-à-dire en diagonale dans le carroyage. Nous l’avons remontée jusqu’à Feriana – Thelepte, sans trouver de vestiges significatifs. Donau estimait que Thelepte se situait aux environs du mille 48 ou 49[39], valeurs que nous confirmons. Or la distance entre Thelepte et Theveste par Oum Ali est de 54 milles[40]. Il y a donc un écart de 8 à 10 km selon le comptage d'Asprenas (fig. 7). Theveste n’est donc pas la tête de ligne. Il reste donc à trouver un parcours d’environ 78 kilomètres pour atteindre Haïdra (les castra hiberna).

Nous avons examiné toutes les possibilités (fig. 13). Eliminons d’abord l’hypothèse d’un camp de la 3e légion à Thala comme certains l’ont évoqué. Thala est hors du champ. Pour rejoindre Haïdra depuis Thelepte, deux options sont possibles : La première par Henchir el Goussa, la seconde par Bou Chebka (poste frontière actuelle). Ensuite à partir d’Aïn Boudriés, la partie est commune jusqu'au terminus d’Haïdra.


Fig. 13. Voie d’Asprenas (Nord).
Fig. 13. Voie d’Asprenas (Nord).


Secteur Thelepte - Bou Chebka

Dans ce secteur, nous n’avons retrouvé sur la voie Thelepte – Theveste (Tébessa) qu’un seul groupe de milliaires signalés par Donau.

Au mille 42, neuf colonnes ou débris de colonnes avec cinq socles. Localisation : 0449 190 ; 3873 425 m dont une d’Aurelius Severus Antoninus (fig. 14).

A la sortie des imposantes ruines de Thelepte, la voie romaine se dirige vers Bir Touil selon un tracé rectiligne d’azimut 163,0°. Son ratio par rapport au decumanus de la centuriation est de 1/3. La voie oblique ensuite en direction de Henchir Dernaïa selon un azimut de 130,6° qui est identique à celui mesuré dans le Chareb (ratio de ¼). Ensuite, la route actuelle mène aux ruines romaines du poste frontière de Bou Chebka (fig. 15) et se poursuit en Algérie jusqu’à Tébessa. La voie qui nous intéresse ici est une piste qui suit la frontière actuelle jusqu’à Aïn Bou Driés. Nous n’avons pas pu l’emprunter. On peut s’interroger sur le tracé de cette frontière qui pourrait être la persistance de l’ancienne voie militaire traversant le territoire des Musulames.


Fig. 14. Nid de milliaires (M. 42) de la voie <I>Thelepte-Theveste</I>.
Fig. 14. Nid de milliaires (M. 42) de la voie Thelepte-Theveste.
 
Fig. 15. Secteur Thelepte –Bou Chebka- Aïn Bou Driès.
Fig. 15. Secteur Thelepte –Bou Chebka- Aïn Bou Driès.


Depuis Bir Touil, une autre voie romaine remonte la vallée d’Henchir el Goussa (fig. 15). Elle est encore empruntée par les nomades du Bled Segui qui remontent en été vers leurs pâturages aux abords de la Table de Jugurtha. D’après nos renseignements, ce chemin de transhumance ancestral suit de façon étonnante l’ancien tracé de la voie d’Asprenas jusqu’à Haïdra. Leurs étapes près des puits correspondent à s’y méprendre aux mansiones (stations) de la Table de Peutinger (voir la table des distances fig.8). Cette route stratégique n’aurait pas été créée ex nihilo. Elle devait probablement suivre les pistes indigènes, mais construite selon les techniques spécifiques aux Romains.

Dans la vallée d’El Goussa, la piste sinueuse atteint le plateau pour rejoindre le poste frontière d’Aïn Bou Driès. Ce cheminement est compatible avec le millage d’Asprenas, mais le profil trop tortueux convient moins bien. Les recherches devront tout de même se poursuivre dans cette région.

Secteur Aïn Bou Driès – Menegesem

A la sortie du poste frontière, la route suit un parcourt linéaire sur le plateau, prend une direction nord-sud bien marquée jusqu’à Menegere (Henchir bou Tabba), puis Menegesem (Bou Rhanem). C’est un poste important qui garde le défilé (Kranguet Sloughi) et le carrefour de la voie directe Theveste – Cillium par Foussana (fig. 16).


Fig. 16. Secteur Bou ChebKa - <I>Menegesem</I>.
Fig. 16. Secteur Bou ChebKa - Menegesem.


Secteur Menegesem –Ammaedara


Fig. 17. Secteur <I>Menegesem –Ammaedara</I>.
Fig. 17. Secteur Menegesem –Ammaedara.


A la sortie des ruines de Menegesem, la voie est large et bordée d’alignements de pierre (fig. 17). Nous n’y avons pas retrouvé le fragment de colonne signalée par le capitaine Houdmont[41] puis par Davin[42] au 11e mille, ni le fragment de la borne de Caracalla au mille 10.

Au mille 9. La borne M VIIII signalée près du petit défilé du Sif el Milia (la crête de la borne milliaire) a disparu.

Au mille 7. Nous avons trouvé (juin 2001) deux colonnes inédites avec leurs embases. La première est de Caracalla[43] (fig. 18). Sur la seconde, les 17 lignes de texte ont été martelées. Par sa forme et sa facture, elle rappelle le milliaire I de J. Verus[44].


Fig. 18. Milliaire VII (inédite).
Fig. 18. Milliaire VII (inédite).


Avant d’atteindre le collet du Draa Roufert er Roumi, la voie romaine est pavée sur plusieurs centaines de mètres (fig. 19). La piste jalonnée de vestiges se poursuit jusqu’aux abords d’Haïdra.

Au mille 1. On a retrouvé à l’écart de la piste les bornes impériales décrites par Davin dont une de Caraccalla et une de J. Verus.

En arrivant vers Ammaedara, la chaussée est pavée jusqu’au franchissement de l’oued Haïdra. On atteint enfin l’imposant fort byzantin, puis le forum d’Ammaedara, le comput de la voie (fig. 20).


Fig. 19. Pavement de la voie romaine.
Fig. 19. Pavement de la voie romaine.

Fig. 20. <I>Ammaedara</I>.
Fig. 20. Ammaedara.

Pour une chronologie relative des cadastres, voies et limites antiques

Il a été possible, à partir de la trentaine de bornes cadastrales retrouvées dans le Sud tunisien, de reconstruire le carroyage de cette centuriation et de mieux comprendre son principe d'orientation. Les cadastres romains sont orientés par rapport au méridien, «l'axe du monde», selon un ratio simple sous multiple de 5. Ces levers géométriques devaient servir de canevas au dessin de la forma, cette carte mentionnée par une borne de Trajan. C’est à partir de cette carte d’état-major que les frontières internes de la Province d’Afrique ont été tracées par la 3e légion, ainsi que le parcellaire établi par Vibius Marsus dans le Sud de cette région et les routes militaires dont celle d’Asprenas.

Les nombreux milliaires retrouvés de cette voie ont permis de préciser son parcours, de confirmer l’emplacement des mansiones de la Table de Peutinger et de souligner les liens étroits qu'elle entretient avec la centuriation. Cette voie stratégique commence au forum d’Ammaedara, le camp d’hiver de la légion, pour atteindre le port de Tacapae après un parcours de 183 milles (296 Km). Il est probable qu’elle ait été construite à partir d’un premier réseau de triangulation, une sorte de bandes de triangles dans laquelle ses sections rectilignes s’inscrivent de manière géométrique. Ces premiers levers géométriques seraient donc antérieurs au proconsulat de L. N. Asprenas.

On s’interroge souvent, faute de textes explicites, sur la chronologie relative entre les voies et les cadastres associés. On affirme trop souvent que le cadastre est bâti sur une voie principale. Il n’en est rien. Cette faute, critiquée par Hygin, conduit nécessairement à un anachronisme. C’est à partir de l’épine dorsale d’une centuriation originelle que les géomètres romains procédaient au fur et à mesure de la colonisation, aux travaux de construction des routes, au bornage des frontières et à l’assignation des terres aux colons. Les centuriations comme les grands axes routiers forment souvent des structures géométriques qui sont parfaitement orientées dans l'espace géographique, donc aisément reportables sur une forma. L'étude minutieuse de leur orientation et de leurs rapports pourrait devenir ainsi une méthode originale de chronologie relative et une aide complémentaire aux archéologues dans leur ultime problème de datation.

Toulouse le 5/01/2005

Edition du 12 février 2005.


 

1 L’ASC/CNES a effectué ces recherches sur la voie d’Asprenas au printemps 2002. Ses résultats ont été présentés à la Société Nationale des Antiquaires de France en octobre 2002 et au colloque international de Kairouan en mars 2003. Il nous paraissait important de mettre son catalogue de milliaires dont certains sont inédits à la disposition de la communauté scientifique.

2 Voir la page le Colonel Raymond Donau sur ce site.

3 R. Chevallier, A. Caillemer. Atlas des centuriations de Tunisie. IGN 1957.

4 R. Chevallier. Les voies romaines. Picard .1997.

5 J. Toutain. 1903. Les nouveaux milliaires de la route de Capsa à Tacape découverts par M. le capitaine Donau. M.S.N.A.F., t. 4.

6 R. Donau (Commandant). 1907. La voie romaine de Theveste à Thelepte. M.S.N.A.F, t. 7.

7 P. Salama. 1951. Les voies romaines de l'A.F.N. Alger.

8 J.-M. Lassère. 1982. Un conflit "routier" : observations sur les causes de la guerre de Tacfarinas. Ant. Afr. t. 18, p. 11-25.

9 Borne B1 placée par C. Vibius Marsus, le proconsul de la 3e légion Auguste en 29-30 apr. J.-C. sous le règne de Tibère. On lit : DD LXX, VK CCLXXX. Elle se trouve à 70 centuries à droite du decumanus maximus et à 280 centuries au-delà du kardo maximus.

10 J. Toutain. 1905. Le cadastre de l’Afrique romaine. Etude sur plusieurs inscriptions recueillies par le capitaine Donau dans la Tunisie méridionale. M.S.N.A.F., n° 64

11 W. Barthel. 1991. Römische Limitazion in der Provinz Africa. Bonner JahrBücher, heft 120.

12 P. Trousset. 1995. Un nouveau document sur la limitatio de C. Vibius Marsus. Roman Frontier Studies. A cause d’une lecture erronée, ce cippe n’est pas sa place dans la grille cadastrale.

13 P. Davin. 1930-1931. Note sur le cadastre romain du Sud tunisien. Bull. du C.T.H.S., p. 689-699.

14 M. Legendre. 1957. Note sur la cadastration romaine de Tunisie. Les cahiers de la Tunisie, n°19-20, p. 135-166.

15 Catalogue des bornes gromatiques du Sud tunisien. Note technique de l'ASC/CNES du 4/11/2002. Voir pour plus détails la page centuriation sur ce site.

16 W. Barthel, 1911. Römische Limitazion in der Provinz Africa, heft 120.

17 Par exemple, une route, un chemin qui pourrait matérialiser ses axes cardinaux, comme pour les cadastres d’Orange.

18 M. Guy. 1993. Les orientations des parcellaires quadrillés. RAN 93, p. 58-68.

19 L. R Decramer, R. Elhaj, R. Hilton, A. Plas. 2002. Approche géométrique des cadastres romains. Les nouvelles bornes du Bled Segui. H & M., XVI 63/4,109 -162. Voir aussi “ centuriations et orientation solaire” sur ce site.

20 CIL 22788. "Haec (terminatio ?) n(omine) meo posita est infimo monte, in summum venire non potuit. Il n’a pas été retrouvé.

21 Ce qui a conduit certains auteurs à attribuer abusivement cette centuriation à Tibère.

22 On a pu lire : ..TERATR.. / ..INYBRAVA.., au lieu de ..TER.. / ..INYBRAVI.., qui avait été lu comme ter(minus) ou inter.. Nyb(genios) ravi. Trousset (Territoires de tribus et frontière au sud de l'Africa Proconsularis. Colloque de Sbeitla, 1998-1999, p. 67) pense qu'elle n'appartient pas à cette limite de territoire.

23 P. Trousset. 1978. Les bornes du Bled Segui. Nouveaux aperçus sur la centuriation romaine du sud tunisien. Ant. Afr., t. 12.

24 L.R. Decramer, R. Hilton, A. Plas. Les centuriations et l'orientation solaire. Les bornes gromatiques de Tunisie. Table ronde du Cercam. Montpellier mai 2002.

25 La contribution de M. Lassère est fondamentale dans cette découverte. Nous tenons à lui exprimer ici toute notre gratitude. Inscription : Imp(eratoris) N[erua Traj) / ani Cae[s(aris)] Aug(usti) / [Ger]m(anici) [Da]c(ici) / O[p]t[imi princ(ipis)] / 5 [Pont(ifis) max(imi), trib(unicia) pot(estate) X] / Imp(eratoris [X, co(n)s(ulis) X] / P(atris) P(atria)[… . A la ligne 9 : [..termi]NI [positi inter..].

26 Commandant P. Toussaint. 1903 – 1904. Résumé des reconnaissances archéologiques. Feuille LXXIII. Bir Rekeb.

27 ASC/CNES. 2002. Catalogue des milliaires d’Asprenas. Voir aussi la mise à jour du CIL VIII par P. Salama.

28 Sens décroissant selon le bornage d'Asprenas. Par convention, nous avons marqué d'un A le mille avec une borne d'Asprenas et d'un M les autres.

29 Dont une embase au mille A. 151, une embase au mille A. 149, un milliaire à demi enterré au col de Biar Bouloufa (A. 147), une borne d'Asprenas réécrite Carin Carinus au mille A. 144 et une dernière en parfait état au mille A. 143.

30 Valeur qui correspond au mille terrestre anglais.

31 On subodore que les bornes ne sont pas placées après une mesure au double pas d’un arpenteur ou d’un odomètre sur la route, mais qu’elles sont disposées à partir de la triangulation initiale. Voir la concomitance entre milliaire et borne gromatique au mille 153.

32 Donau avait noté deux exceptions que nous confirmons : au mille 149 on trouve 149 + 35 = 184, et au mille 152 où 152 + 32 = 184. Il expliquait ce changement par un report possible du point de départ d'un mille à l'est de Tacape.

33 La seule différence avec Toutain (Bull. de la SNAF, p. 230) est la localisation de Silesua à Biar Bouloufa au lieu de Henchir Maguel.

34 CIL VIII 22786b et catalogue des bornes gromatiques du Sud tunisien, note technique ASC/CNES, nov. 2002.

35 Cependant il faut rester très prudent dans ces rapports. Toute ligne rectiligne tirée dans un carroyage paraît diagonale, c’est une illusion géométrique. On trouvera toujours un rapport entre eux, plus ou moins simple, dépendant de la précision. Pour valider la relation, il est souhaitable de vérifier que ces rapports sont toujours simples sur plusieurs tronçons rectilignes.

36 M. J. Ferrar, A. Richardson. 2003. The Roman Survey of Britain. B(ritish) A(rchaeological) R(eports) 359.

37 La combinaison 5/7 (orientation du cadastre) et ¾ donne un azimut de 107,6° (ratio 41/13, selon la loi des tangentes).

38 On lit : 1 IMP. CAESAR AVGVS / TI. F. AVGVSTVS. TRIB / POT. XVI / L. ASPRE(NA)S COS -. / 5 PRO. CO(S).- )I . VIR- / EPVLONVM. VIAM - / EXCASTRIS. HIBERNIS / TACAPES. MVNIEM / DAM. CVRAVIT / 10 LEG. III. AVG. / CXLIII. (Voir illustration).

39 Donau (Commandant R.). 1907. La voie romaine de Theveste à Thelepte. Bull. SNAF, p. 137-215.

40 Des nombreux milliaires signalés en 1907 par Donau, nous n’avons retrouvé que le nid de bornes au mille 42. Le comptage de cette voie commence à Theveste.

41 Houdmont (capitaine). 1927- 1928. Archives du SGA, feuille LXXXV, jebel Bireno. Il signale les quatre milliaires décrits ensuite par Davin.

42 Davin P. 1928-1929. Bull du CTHS, p. 400-406. Bornes retrouvées au mille I, VIIII, X et à l'entrée du Kranguet Sloughi un reste du mille XI.

43 On lit : 1 IMP. CAE// MAVRELIV// ANTONIN// PIVS AVG PA// 5 THICVS MAX// TANNICVS M// GERMANICV// XIMVS TRIBVN// POTESTATIS XV?// 10 PATER PATRIA // //TVIT VI(I). (fig. 18)

44 Sur ce parcours, le mille prend la valeur de ~1 545m.