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La voie impériale de Narbonne à Carcassonne.
Etude géotopographique et archéologique



Essentiel cet axe qui, à travers l'isthme gaulois, relie la Méditerranée à l'Océan ! Jadis route de l'étain de Grande Bretagne et des vins d'Italie, artère de la civilisation romaine, voie de pénétration des troupes et des invasions successives, route de la poste, des voyageurs et du commerce, cette voie impériale reliait Narbonne, la capitale provinciale, à Toulouse via Carcassonne. Elle fut décidée et construite par Auguste, ses bornes milliaires en font foi. Cet axe antique de circulation rapide, l'équivalent de nos autoroutes pour l'époque, est bien incertain pour les spécialistes et méconnu du grand public, ceci expliquant sans doute cela. Il suffit de consulter la dernière carte archéologique de la Gaule[1] dans laquelle quatre variantes possibles sont encore proposées dés sa sortie de la cité de Narbonne pour s'en convaincre.

Cette grande artère romaine bien connue par les textes anciens et les Itinéraires, la Table de Peutinger et l'Itinéraire hiérosolomytain, a fait l'objet de nombreuses études et recherches archéologiques. Pourtant son parcours reste toujours problématique. C'est pourquoi, nous avons voulu combler ces lacunes par un travail de recherches approfondies et proposer une solution. On établira pour cela des critères formels de reconnaissance de voie antique, puis on évaluera toutes les hypothèses de tracé ayant été envisagées ainsi que de nouvelles options, on présentera enfin une solution qui prend en compte toutes les recherches prospectives organisées sur le terrain.


La voie d'Aquitaine selon les Itinéraires.

Cette voie est définie par la Table de Peutinger et l'Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem. Ces deux documents se complètent en précisant les stations et les distances qui les séparent (CIL XVII-2). Seule la distance séparant Narbonne à Usuerva – Hosuerbas (Goujac, près de Lézignan), respectivement 15 et 16 milles (fig.1) semble contradictoire. Les distances kilométriques sont aussi reportées, compte tenu de la valeur du mille mesurée[2].


            Total
Table Peutinger
MP
Narbone Usuerva
XVI
Liviana
XI
  Carcassione
XII

XXXIX
Itinéraire hiérosolomytain
Civitas Narbone Mutatio Hosverbas
XV
  Mutation Trice(n)simum
XV
(XXX Narbonne)
Castellum Carcassone
VIII

XXXVIII
Noms selon CIL XVII-2 Narbonne près
Lézignan
Capendu Capendu (sic) pour Floure Carcassonne  
Distance (Km)
1MP = 1,50 km
0 24 - 22,5 16,5 22,5
45 (Narbonne)
18 (Liviana)
12 (Tricesimum)
58,5
57,0

Fig. 1. Tableau des stations et des distances (CIL XVII-2)

Le mille passuum

Cette valeur du mille romain est souvent discutée. Elle est variable selon les pays ou l'époque. A notre avis, il n'y a pas de valeur canonique, encore moins de valeur taboue[3]. Par exemple, nous avons mesuré un mille 1610 +/-10 m sur la voie d'Asprenas en Afrique, de 1497 +/- 3 m sur la voie Domitia près de Nîmes et de 1531 +/- 3 m sur la voie Aurélia. Aussi, il serait bien illusoire de vouloir appliquer une valeur “canonique” de 1481,5 m aussi précise en tout lieu et sans distinction telle que le propose Goudineau.

Pour la voie d'Aquitaine, on dispose de peu d'éléments factuels. La plupart des auteurs (Labrousse, Euzet, etc..) prennent une valeur standard de 1 480 m ou arrondie de 1 500 m. Il est nécessaire, compte tenu de ces dispersions qui entraînent par cumul une erreur importante (5 km entre Narbonne et Carcassonne), de mieux cerner cette grandeur. L'idéal serait de retrouver au moins deux milliaires en place.

M. Labrousse[4] a remarqué que la borne de “Bellevue” avait été retrouvée pratiquement in situ. Aussi estime t-il sa distance au caput viae à 4,500 km, soit un mille de 1 500 m environ. Cette origine se situe au forum de Toulouse, plus précisément au croissement du kardo maximus et du decumanus maximus du réseau urbain. Le cardo passe par les portes Narbonnaise et Porterie, selon une orientation définie très exactement à 5,71° (Est), avec un ratio[5] de 1/10. Le décumanus, qui lui est perpendiculaire, traverse la porte Saint-Étienne. Le comput se trouve alors place de la Trinité[6] dont l'emplacement est confirmé par les archéologues[7].

La borne de Bellevue a été retrouvée, selon le croquis de position de son découvreur, dans la parcelle située entre l'ancien chemin de Pouvourville et la route de Narbonne (la voie romaine[8]), aujourd'hui dans la faculté de Médecine. La distance a été calculée au moyen de l'outil CartoExploreur[9] selon un tracé de la voie parfaitement établi, elle est de 4 497 m +/- 41 m[10], soit donc un mille de : 1 500 +/- 13 m. Il faut souligner l'importance de ces précisions, car elles entraînent une incertitude de +/- 500 m sur le trajet Narbonne-Carcassonne. Que dire alors des autres valeurs arbitraires !

Les milliaires

Trois milliaires ont été retrouvés sur la voie romaine entre Carcassonne et Narbonne. Le premier d'Auguste (fig. 2) retrouvé en 1848 à Saint-Couat est capital, car il date précisément la voie en 13/14 et confirme un tracé rive droite de l'Aude. Lors de son examen au musée lapidaire de Narbonne[11], l'épigraphie venait d'être rendue plus lisible à la suite d'un travail de moulage[12]. Les lettres étaient surlignées d'un colorant rouge, les rendant ainsi plus visibles. On a pu donc compléter le texte du Corpus[13].



Fig. 2. Milliaire XX d'Auguste.


Cette borne se situe à 20 milles de Narbonne et non pas à 21 milles selon le Corpus (CIL XVII/II n° 298). Cette valeur est confirmée par deux indications précieuses : sa distance à Rome. On lit sans ambiguïté : IVLI DCCC CXXI | (DC) CCC II, soit une distance de 921 milles (1381,5 km de Rome) par le Forum Iuli (Fréjus) et de 902 milles par un autre trajet. Cette précision montre à quel point les géomètres romains attachaient de la rigueur à leurs levés et que la construction de cette voie d'Aquitaine appartenait à un vaste plan coordonné de mise en réseau des colonies avec la ville impériale. On peut donc comparer ces distances avec celles inscrites sur la borne de Roquefort-des-Corbières (CIL XVII/II n° 291) [14]. Celle-ci se trouvait à 16 milles de Narbonne et respectivement à 917 et 898 milles de Rome[15].

Il faut signaler l'autre borne augustéenne (CIL XVII/2, n°298a) qui se trouvait encore en 1848 dans l'église de Saint-Couat. Elle a disparu, placée selon le découvreur dans un gué du ruisseau de l'Azagal afin d'en faciliter son passage. Ses inscriptions relevées par Cros-Mayrevieille[16] permettent de la situer au 23e ou 24e mille de Narbonne. Sa re-découverte est d'intérêt, car elle permettrait de préciser le tracé incertain de la voie dans cette région[17].

La troisième de Tetricus a été trouvée “en 1888, en limite de Barbaira en direction de Capendu”. Elle est déposée au musée de Carcassonne. Notre lecture de la dernière ligne est différente du CIL (XVII/2, n° 299). On lit K I C IX (fig. 3) et non pas XI CIK. La première lettre est un K et ne peut pas être un X[18].


Fig. 3. Milliaire IX de Barbaira
 

Fig. 4. Emplacement de la borne IX prés
du "champ de l'Homme mort"


Cette colonne se trouvait donc à 9 milles (13,5 km) et non pas 11 milles (16,5 km) de Carcassonne. Son emplacement d'origine a pu être restitué grâce à l'obligeance de la mairie de Barbaira[19]. Elle se trouvait dans le “champ de l'Homme mort” en bordure de la N.113 (fig. 4) “près de la station GSO”, soit à 13, 8 km de la Cité, ce qui confirme la nouvelle lecture.


Les hypothèses de tracé de la voie d'Aquitaine.

Quatre variantes sont proposées dans la dernière carte archéologique[20] : voie des Corbières, voies Minervoises, solution Euzet. Cet auteur[21] avait déjà examiné toutes ces hypothèses. Il n'avait pas retenu la solution “Bonnet”[22] à travers les Corbières, proposition bien hasardeuse à notre avis : distance trop longue[23] et profil sinueux, aucun vestige reconnu de la chaussée romaine. Quant aux solutions minervoises[24] sur la rive droite de l'Aude, elles paraissent trop longues, ne tiennent pas compte des milliaires de Saint-Couat et de Barbaira et ne passent pas à Hosuerbas. Euzet, qui reprend Mg. Griffe, place cette station au château de Gaujac (fig. 5) et il retient une traversée de l'Orbieu près de la Rougeante[25]. La traversée de cette rivière renommée pour ses crues dévastatrices est, selon nous, une des clés de la problématique du tracé.

La voie “Euzet” emprunte bien la rive gauche de l'Aude en passant par Barbaira et son milliaire, mais elle néglige Saint-Couat et ses deux bornes. Ce trajet semble compatible approximativement avec les distances des tables romaines, mais il manque une étude topographique plus rigoureuse et une confirmation archéologique de cette hypothèse. Nous avons donc envisagé plusieurs variantes autour de cette solution, qui ont été tour à tour étudiées sur des cartes détaillées, des vues aériennes et vérifiées sur le terrain. Nous avons aussi bénéficié des dernières découvertes de R. Aymé. Il a reconnu une voie antique près de Conilhac - Corbières[26] et plus récemment près d'Ornaisons[27].



Fig. 5. La voie d'Aquitaine selon Euzet.


Principes de construction d'une voie romaine.

La via publica est généralement construite dans le carroyage de la centuriation. Il est même probable que les premiers levers “géodésiques”, l'ossature de la carte (la forma), soient dressés autour de la future voie de pénétration. C'est du moins dans cet esprit que nous interprétons le tracé de la voie stratégique d'Asprenas qui s'imbrique géométriquement dans la grande centuriation en Africa Nova[28]. Les voies militaires sont rectilignes, tracées selon des diagonales du carroyage en une succession de segments de droite qui dépendent du terrain. Il suffit d'arpenter ou même d'examiner de grandes voies romaines pour s'en convaincre. Cette caractéristique, trop souvent négligée, permet de les différencier des autres chemins tortueux gaulois ou moyenâgeux, ce qui éviterait parfois des hypothèses bien extravagantes[29].

La nature impose aussi ses lois. Les bâtisseurs romains avaient “horreur de l'eau”. Ils évitaient autant que possible les zones marécageuses et les cours d'eau importants. La voie est placée assez haute sur les coteaux pour être à l'abri des zones inondables. Le franchissement d'une rivière, d'un cours d'eau est un obstacle majeur. Il se fait à gué, sur des ponts flottants et autres utriculaires[30], parfois sur des pontets, rarement ou plus tardivement sur des ouvrages d'art. Enfin, une chaîne de montagnes se franchit par le port le plus commode (fig. 6). La topographie détermine le cheminement de la route, d'où l'axe de recherche à privilégier. Rechercher par exemple un tracé passant par des sites gallo-romains ou des villae est un non-sens, car elles se situent au milieu du parcellaire et sont raccordées à la voie principale par un chemin d'accès.

La via consularis a une chaussée d'une largeur conséquente (~ 6 à 7 m), pouvant être doublée de contre-allées dans les agglomérations. Elle n'est dallée que dans les cités ou parfois sur certains parcours soumis à un ravinement intensif. Elle est reconnaissable en surface par un léger aplanissement et par un cailloutis sur lequel la végétation contraste selon la saison (fig. 6). C'est pourquoi, les photos aériennes révèlent parfois la présence de ces anciennes voies. La voie d'Aquitaine d'une largeur de 7 m environ est bordée de fossés (fig. 7). Le soubassement est fait de pierres locales, mises souvent sur chant. Les bas-côtés sont soutenus par de gros blocs (~ 40 à 50 cm) surtout en aval. La bande de roulement est en cailloutis d'une vingtaine de centimètres d'épaisseur environ, sa composition dépend de la proximité de la carrière.


Fig. 6. Franchissement d'un col.





Fig. 7. Coupe de la voie d'Aquitaine dans un talweg.


Par exemple à Conilhac- Corbières, des “terres rouges” très caractéristiques provenant de la Rousselle Basse servent de revêtement. Divers apports de réfection et de rechargement viennent se rajouter au cours du temps : débris de tuiles (tegula, imbrices) ou de terre cuite (carreau, amphores, vaisselle…), d'objets perdus (monnaie, plomb…). Ces matériaux de construction, quand ils ne sont pas isolés, sont des preuves possibles d'une chaussée antique ; un cas idéal lorsque celle-ci a été abandonnée au profit d'un autre cheminement. A contrario, il y a peu de chance de la repérer sous le bitume d'une route moderne. Seules des fouilles ou un profil rectiligne bien caractéristique sont susceptibles d'apporter une réponse.


Méthodologie de prospection.

Le problème revient à trouver un parcours qui soit compatible avec les distances des Itinéraires, l'emplacement des bornes et les découvertes archéologiques (vestiges de voie et stations). A partir d'un tracé hypothétique, basé sur un travail géographique préparatoire, on examine d'abord les vues aériennes plus ou moins anciennes prises en différente saison. Cette méthode bien connue permet de révéler certains alignements, dont les coordonnées géographiques sont notées sur une carte et rentrées dans le GPS. Le tracé d'une voie répond sur le terrain à certains critères topographiques : continuité, évitement d'obstacles naturels, tracés rectilignes, travaux de nivellement et d'empierrement. A ces d'indices s'ajoutent des éléments anthropiques rapportés par l'homme : pierres, galets, tuileaux, documents archéologiques (débris de céramique, monnaie, objets, etc.). Ceux-ci sont parfois mis en évidence lors des labours profonds dans les vignes ou les champs. Leur dispersion sur une bande aussi large que la voie et une certaine continuité sont un critère objectif qui élimine les traces d'habitats isolés[31]. L'observation d'une coupe, naturelle dans un talweg ou occasionnée par des travaux, est déterminante (fig. 7). Les informations pertinentes sont recueillies auprès des viticulteurs ou des agriculteurs ; ils ont la connaissance approfondie de leur territoire.


Le tracé de la via Aquitania.

Nous ne présenterons pas toutes les options et variantes analysées sur les cartes et parcourues sur le terrain, seulement une synthèse en commençant de Carcassonne dont le tracé a été repéré dés la Cité.



Fig. 9. La voie d'Aquitaine à la sortie de Carcassonne.



Fig. 8. Le castellum de Carcassonne et son comput.


Le tronçon Carcassonne - Capendu.

La traversée de l'Aude, principal obstacle rencontré en venant de Toulouse, venait d'être surmonté. Elle se faisait probablement à gué et en barque avant qu'un pont ne soit réalisé (au Pont Vieux ?). On atteint l'oppidum, le castellum Carcassone, par un diverticule. Deux bornes ont été retrouvées dans les environs de Carcassonne, la borne de Tetricus à Barbaira et de Numerius Numerianus[32] qui devait être à 1 mille sur la route de Toulouse. Leur comput se situe en principe au forum de la Cité. Aujourd'hui, son emplacement n'est pas assuré tant la cité augustéenne a été remaniée au cours des siècles et que sa trame urbaine reste floue. Un cardo principal semblerait se dégager selon M. Passelac[33] autour des rues Saint-Jean et Viollet-le-Duc. Comme le caput viae se situe au croissement du kardo et du decumanus de la ville, on peut donc estimer sans grande erreur sa localisation[34] avant le franchissement de la porte narbonnaise (fig. 8). La voie romaine a été repérée par les archéologues[35] et se poursuit rue J. Moulin et impasse des Chasseurs (fig.9). Elle contourne les mourels (mourals) pour rejoindre le coude le l'Aude au passage obligé du Faubourg de Trèbes[36]. La voie romaine, le “cami das Roumios”, se confond ensuite avec la N113 jusqu'à Barbaira selon des lignes droites bien caractéristiques.

Les archéologues[37] attribueraient le site gallo-romain fouillé près de la distillerie de Barbaira à la mutatio de Trice(n)simum, ce qui est parfaitement compatible avec sa distance de Carcassonne 12,1 Km (8 milles) de l'Itinéraire du pèlerin. Cette station se trouvait à 30 milles de Narbonne. La borne de Tetricus a été retrouvée à la sortie du village près du “cami das Roumios” ou “cami de las Bacos”[38] (fig. 10). Sa distance au caput viae de la colonie est en accord avec les 9 milles de son épigraphie. On atteint alors Capendu.


Fig. 10. La voie d'Aquitaine à Trice(n)simum.


Tronçon Capendu – Fleix (Flexus)

Liviana, une mansio incertaine.

La station de Liviana de la Table Théodosienne, ce vicus qui hébergea le patricien gallo-romain Sidoine Apollinaire[39] serait à Capendu qui revendique cette notoriété. Quelques auteurs[40] l'ont parfois situé à Douzens, au lieu-dit Le Viala, mais Liviana n'a formellement jamais été identifiée. Elle se trouvait à 4 milles (6 Km) de Tricesimum et à 3 milles de la borne IX. Or, Capendu se trouve à moins de 3 milles et Le Viala à plus de 5 milles de Tricesimum, ce qui n'est pas cohérent. On pensait, à tord, que la voie romaine empruntait la nationale, l'ancienne route de la poste (carte de Cassini). Celle-ci a été reconnue autour de l'ancien “chemin de Capendu à Saint-Couat”. Les premiers vestiges (empierrement, tegulae, tuileaux) de la chaussée sont visibles derrière la cave coopérative[41]. On l'observe sur les images satellite[42] en bordure du chemin vicinal (Va). De gros blocs taillés ont été mis au jour lors de l'arrachage de vignes (Février 2007) au lieu-dit Pertuzac, appelé “vieux village” par les Anciens. On note la présence de nombreux vestiges d'habitations gallo-romaines[43] qui couvre une superficie de 10 ha environ (fig. 11). Le site se trouve à 5,7 Km de Tricesimum (fig. 12), distance en accord avec les textes. Les prospections de surface n'ont pas été poussées plus loin, car il appartient aux autorités archéologiques de valider ce site de Liviana.

Ensuite, la voie bien visible dans les vignes à l'ouest de Barthe est remarquable par un alignement de gros blocs d'empierrement déporté en bordure et de cailloutis étrangers au contexte géologique local (fig. 15). Elle réapparaît près des bâtiments de la ferme de l'autre côté du chemin. D'autres traces se remarquent en bordure de route jusqu'au ruisseau de Douzens que la voie traverse à gué en droite ligne jusqu'à un carrefour qui conduit au Viala[44].

Plus à l'Est, la voie s'éloigne du chemin actuel où l'on remarque de nombreux débris de tegulae en bordure d'un fossé rectiligne, fossé qui se termine en rampe pour traverser le Rec Nègre. Un vieux chemin abandonné borde le ruisseau jusqu'au confluent de l'Aude et de l'Azagal qu'on traverse à nouveau à gué. Est-ce ici que la borne tronçonnée[45] auraient été jetée ? Sa re-découverte serait d'intérêt à plus d'un titre. Peut-être la dernière borne d'Auguste en Gaule et une épigraphie à revoir[46].



Fig. 11. Le vicus de Liviana et la voie romaine.



Fig. 12. Tableau des distances.



Fig. 13. Liviana et la voie romaine.



Fig. 14. Quelques vestiges relevés sur le site de Pertuzac


Le mamelon de Saint-Couat a détourné l'Aude (Atax) vers le nord selon un grand coude (flexux). Au Sud, le bassin de l'Azagal est inondable[47], ancienne zone marécageuse dont la toponymie Malpas conserve la mémoire. La route militaire devait la contourner. Elle est visible dés la sortie de Saint-Couat dans les vignes aux Coutrillades[48] pour se diriger vers Fleich (Fleix) au pied d'une autre butte (mourel).



Fig. 15.Alignement caractéristique d'empierrement près de Barthe.



Fig. 16. La voie à Saint-Couat et au Flexus.


Flexus, un site gallo-romain sur la voie d'Aquitaine.

Le Fleix ou Flexus se situe à moins d'un kilomètre à l'est de Saint-Couat (fig. 17). M. H. de Volontat, propriétaire à Saint-Couat, avait relevé sur ce site quantité de tessons de céramique romaine et préromaine et de figurines dont l'inventaire avait été dressé par J. Euzet[49]. Ce devait être un bourg important[50], nous avons relevé encore de nombreux débris de poterie, de sigillés et autres briques romaines. Ce site était encore habité à la fin du 17e siècle selon le compoix de 1720[51] où plusieurs axes routiers convergent (fig. 18). Le “chemin de Narbonne” conduit par Canelle à la rive droite de l'Aude et Sérame. Le chemin de “Lézignan” rejoignait Hosuerbas par le seuil de Moux. Cet axe devait être important, car il s'est transformé en limite administrative d'arrondissement. Les chemins ou “carrières” (carrera) de Fleix et Mercadal convergent aussi à ce carrefour. Enfin, le chemin de Puichéric pouvait conduire sur l'autre rive de l'Aude par le gué de “La Barque”. A noter au sud du Flexus le lieu-dit “la Bastide Rouge” (fig. 18), dont la toponymie pourrait rappeler les auberges peintes en rouge qui jalonnaient généralement la voie romaine[52]. Cette station du Flexus se justifie, puisqu'elle se situe entre Tricesimum (30 milles de Narbonne) et Hosuerbas (15 milles) dans une zone de franchissements de plusieurs cours d'eau où les temps d'attente pouvaient être parfois longs.



Fig. 17. Fleix. Carte de 1897.


Tronçon Flexus – seuil de Moux

Au Fleix, la voie romaine franchit un collet. L'empierrement de galets et de tuileaux est visible dans les vignes. Les vestiges sont relevés au GPS et symbolisés sur la carte par ou Va (fig. 16). On traverse à gué le ruisseau Saint-Pierre, près duquel des tegulae, imbrices et un culot d'amphore ont été trouvés, il n'y a aucun vestige de pont. La photo aérienne (fig.19) met en évidence le tracé tiré au cordeau, jalonné d'un empierrement caractéristique (fig. 20) et bordé d'un fossé. La limite de canton, pérennité d'une limite historique, reprend le tracé de la voie. L'empierrement exogène apparaît encore en bordure de vignes près du carrefour de la D 65 (puits).



Fig. 18. Les chemins au Fleix selon le compoix de 1720.



Fig. 19. Traces de la voie sur la photo aérienne.



Fig. 20. Empierrement dans la vigne vers le gué Saint-Pierre.



Fig. 21. Cheminement de la voie entre le Flexus et le seuil de Moux.


On retrouve l'empierrement du soubassement de la voie romaine de l'autre côté de cette départementale. Elle n'emprunte pas le chemin agricole du collet du Mascarou, mais contourne ce contrefort. De nombreuses traces (notées “gk”, fig. 21) sont observables dans les vignes : empierrement, gros blocs, tegulae, tuileaux, col d'amphore (gk 45[53]). La voie antique apparaît dans la parcelle de vignes[54] au dessus de la N 113 et quelques dizaines de mètres plus loin par une coupe oblique (fig. 22) dans le fossé signalé par R. Aymé[55]. On y distingue les pierres calcaires placés en épis, à l'extrémité des blocs de soutènement et un cailloutis de la bande de roulement (profondeur ~0,70 m).

Sa largeur en biais (19,5 m) comparée à sa largeur réelle (~7 m) permet d'estimer sa direction (~308°), compte tenu de l'azimut du fossé (288°). Cette orientation est conforme au trajet relevé lequel ne se dirige pas vers Moux, contrairement à l'hypothèse d'Euzet (fig. 5).



Fig. 22. Voie d'Aquitaine (VA 17). Coupe au seuil de Moux.


La voie romaine a disparue lors des travaux de déviation de la N 113. Elle contourne au même niveau le flanc sud de la Cote de Fontcouverte pour réapparaître dans les vignes (empierrement, tegulae, muret en VA 20 et VA 16). Elle franchit un profond ravin (VA 15) dans lequel on retrouve des blocs et un mur de pierres bien appareillées, vestige possible d'un pontet. Une coupe normale de la chaussée est mise au jour par un petit talweg (VA 24). Sa largeur est d'environ 7,5 m, profondeur 0,80 m, pierres placées sur chant, gros blocs de soutènement en aval, vestige d'un fossé comblé côté amont (fig. 23). On atteint insensiblement par un parcours rectiligne un petit collet d'où l'on aperçoit Conilhac - Corbières.


Tronçon Seuil de Moux – Usuerva.

Cette section est bien décrite par R. Aymé[56]. Les indices de terrain sont nettement visibles jusqu'à Conilhac-Corbières : empierrement, tegulae, imbrices, débris de céramique. Les points relevés au GPS sont parfaitement alignés (Az = 65°) avec la coupe vue précédemment (VA 24). La voie courre la ligne de niveau 90 m à la serre de Montbrun pour éviter l'ancien étang de Fontcouverte. On relève à hauteur de la Combe des loups[57] un empierrement de cailloutis rouge[58], étranger au terrain géologique comme le souligne R. Aymé, et qu'on retrouve près de la cave coopérative de Conilhac.

La voie entame un large contournement du pech Tignoux s'éloignant ainsi de la route moderne. La voie antique[59] se repère par son empierrement, ses gros blocs calcaire ou ses terres rouges dans les vignes et les prés (points gk et VA sur la carte) jusqu'à la traversée de la Jourre. On atteint alors les faubourgs de Lézignan et le Château de Gaujac, la station routière d'Usuerva (Hosuerbas).



Fig. 23. Coupe de la voie romaine.



Fig. 24. Secteur de Conilhac - Corbières.


Trajet Carcassonne – Gaujac.

Le tracé de la voie a été reporté sur les cartes au 1/25 000e avec un logiciel de navigation[60]. On peut donc comparer directement les distances entres stations et milliaires et le parcourt réel (fig. 25).


Carcassonne Barbaira Borne IX Pertuzac Borne XXIII ? Fleix Borne XX Gaujac
distance km / 0 12,1 13,7 17,8 22,5 23,6 27,0 34,0

               
Carcasso Tricesimum B. Tetricus Liviana B. Auguste Flexus B. Auguste Usuerva
distance mille / 0 8 9 12 8+7= 15   10+8=18 23
d (km) avec
MP = 1,50 km
12,0 13,5 18,0 22,5   27,0 34,5

Trajet Carcassonne – Gaujac.


L'accord est acceptable si l'on place Tricesimum à Barbaira et non pas à Floure, et Liviana à Pertuzac et non pas à Capendu. Flexus se situe à mi-distance entre les deux mutationes de Liviana et d'Usuerva. Les deux milliaires d'Auguste encadrent Saint-Couat selon leurs positions théoriques (fig. 25), ce qui explique leur présence dans cette paroisse[61]. Il n'y aurait plus “d'énigme posée par la présence, jusqu'en 1848, de deux milliaires dans l'église de Saint-Couat” qui, selon J. Euzet[62], permet de lever “l'assiette de la Voie d'Aquitaine”.



Fig. 25. Carte de Cassini et la voie d'Aquitaine.


Tronçon Usuerva – traversée de l'Orbieu.

Usuerva – Hosuerbas se situait selon Griffe et Euzet[63] sur l'imposant site gallo-romain de Gaujac, ce qui rendait déjà caduques les hypothèses d'un tracé à travers les Corbières[64] ou par le Minervois[65]. Ici, la vallée de l'Orbieu a creusé de larges méandres. La voie militaire, rectiligne par construction, devait les éviter, elle empruntait le “chemin des Romains” (fig. 26)[66] ou “Grand chemin”, ou encore “Chemin de Narbonne”. Elle s'engage sur un plateau allongé entre deux vallées : celle de l'Orbieu au Sud et celle du Lirou et son chapelet d'étangs au Nord.

Ce tracé passe par les sites gallo-romains du Plat de Beyret et de Cruscades[67]. On a relevé en bordure du “chemin des Romains” des tegulae et de l'empierrement, émergence du soubassement de la chaussée jusqu'au “chemin de Luc" (D61). Le tracé s'avère ensuite incertain[68] jusqu'au Plat de Beyret[69] où l'on retrouve les vestiges de la voie en bordure de la voie moderne D 24 qui conduit à Cruscades. A l'entrée du pont d'Ornaisons[70], on remarque des vestiges (empierrement, tegulae, ..) de sa chaussée en bordure de chemin (fig. 27), en particulier des pierres bien taillées à un petit carrefour (VQ3)[71] et quelques vestiges d'amphores[72] avant d'atteindre le profond ravin de l'Orbieu.



Fig. 26. Secteur de Gaujac.


fig. 27. Traversée de l'Orbieu.


La traversée de l'Orbieu.

Son franchissement est un problème crucial, une énigme sur le plan technique. Ses rives sont escarpées, mais on devine sur la rive gauche une rampe d'accès qui n'est pas nécessairement ancienne. On note sur l'autre rive des murets avec de belles pierres équarries et des aménagements modernes contre les inondations. La montée des eaux doit être ici particulièrement violente dans ce ravin étroit et profond. Il n'y a pas de vestiges de pont, c'eût été impossible d'en construire un. Il n'y a pas de socle rocheux et les berges sont affouillées. Il est probable que son franchissement devait se faire sur des “carrassières”, ces radeaux flottants qui servaient de passerelles[73].

Sur l'autre rive à La Rougeante, la chaussée romaine est visible sur la photo aérienne (fig. 28) bien signalée dans les vignes par son empierrement exogène, ses tegulae et ses tuileaux. On note aussi quelques coupes de la chaussée dans les fossés, surtout à la traversée du ruisseau des Balmades (voir VQ sur la carte). Comme l'a observé R. Aymé, on remarque la présence d'une pile écroulée d'un pont probablement romain (fig. 29). La chaussée romaine file en droite ligne sur près de 3 Km dans les vignes jusqu'à son raccordement à la route D 4 (fig. 28).



Fig. 28. Trace de la voie romaine au nord et en oblique de la D 4.



Fig. 29.Vestige d'une pile du pont romain.


Le secteur de Narbonne.

La voie s'engage franchement dans la trouée de la Muette ; ce col peu élevé (40 m) est un passage commode pour franchir les derniers contreforts du pays narbonnais. On rejoint la nationale 113 qui reprend ici, plus ou moins naturellement, l'ancien tracé dans le vallon des Clottes[74] (fig. 30). Les premiers vestiges de la chaussée antique réapparaissent légèrement en contrebas de la route près du carrefour de la D 524 (tuiles romaines, gravette). On les suit en droite ligne dans les vignes jusqu'à la limite de Montredon. Une borne écussonnée, limite d'évêchés (notée B18, fig. 31) y a été relevée et sauvegardée aujourd'hui au village. L'empierrement de la voie, ici le “cami ferrat”, a été signalé près de la villa Saint-Roch[75] à deux milles de Narbonne. On atteint les faubourgs de Narbonne où l'on retrouve sa trace dans la cité[76]. La voie d'Aquitaine rejoignait la Via Domitia par la rue de la Parerie pour atteindre enfin le Forum, place Bistan (fig. 31). C'est le point de départ de la voie augustéenne, le comput[77] des milliaires de Saint-Couat.



Fig. 30. Vallon des Clottes.



Fig. 31. Secteur Narbonne - Ouest.


La voie d'Aquitaine de Narbo Martius à Carcasso.

On peut donc établir un itinéraire[78] depuis Narbonne jusqu'à Carcassonne sur des cartes à grande échelle (1/25 000e). Les distances sont calculées avec CartoExploreur et comparées aux Itinéraires (fig. 32 et 33).


Carcassonne Barbaira Borne IX Capendu Pertuzac Borne XXIII St-Couat Borne XX Gaujac Narbonne
km → 12,1 13,7 16,4 17,8 22,5 22,8 27,0 33,8 57,0
57,0 44,8 43,2 40,5 39,1 34,5 34,1 30,0 23,1 ← km
                   
Carcasso Tricesimum B. Tretricus   Liviana B. Auguste   B. Auguste Usuerva Narbo
mille → 8 9   12 8+7   15+3 23 38 ou 39
MP = 1,50 km 12,0 13,5   18 22,5   27 34,5 57 ou 58,5
                   
38 ou 39 30 29   27 23   20 15 ou 16 ← mille
57,0 ou 58,5 45 43,5   40,5 34,5   30 22,5 ou 24,0 MP= 1,50 km

Fig. 32. La Voie d'Aquitaine. Tableau des distances.


La distance entre les deux cités (57,0 km) est comparable au parcour hiérosolomytain (57,0 km). Les intervalles entre relais routiers sont cohérents, à condition de placer Liviana à Pertuzac. La localisation d'Usuerva (Hosuerbas) à Gaujac ne pose pas de problème de principe. Sa distance de 15 ou 16 milles depuis Narbonne ne signifie pas nécessairement un tracé notablement différent. A notre avis, il s'agirait simplement d'un problème d'arrondi. Usuerva se situe à mi-distance entre ces deux milles (23,1 km pour 22,5 et 24,0 selon les deux Itinéraires). Cependant l'hypothèse d'un second passage de l'Orbieu à une époque différente n'est pas à rejeter. Celui-ci[79] et le tronçon de voie afférent pour rejoindre Gaujac, s'ils existent, restent à démontrer.

Le tracé complet, mille après mille, de la voie a été reporté sur la carte au 1/100 000e (fig. 33).



Fig. 33. La voie d'Aquitaine (Fond IGN 1/100 K).


Il semble possible aujourd'hui de définir un tracé unique de la voie d'Aquitaine de Narbonne à Carcassonne puis Toulouse, qui soit conforme aux Itinéraires, aux découvertes archéologiques (chaussée, milliaires, stations) dont les caractéristiques (allure et structure) répondent aux critères des viae publicae.


Addendum.

Tous les relevés terrain ont été reportés dans le programme “Route GPS” dont une page est présentée ci-dessous (fig. 34). Le nom, les coordonnées UTM, l'altitude (m), et le descriptif succinct sont donnés pour chaque point de route (“waypoint”). Le tracé de la voie peut être ainsi suivi avec précision.



Fig. 34. Bilan détaillé des points GPS. (p.1/3).


Nous avons examiné aussi son profil général (fig. 35) selon un tracé synthétique de 57 Km[80]. A partir de Narbonne (Z =10 m), on note un premier col (la Muette), la traversée de l'Orbieu (point bas), la montée au seuil de Moux (92 m), le passage des gués près de l'Aude (Saint-Couat), le contournement du Pech Mary (Impasse des Chasseurs) et l'arrivée sur l'oppidum de Carcassonne. Le profil est très doux, sans lacet ni rampe raide. La voie est toujours “hors d'eau” à l'exception des deux traversées critiques, l'Orbieu et les gués près de l'Aude. La voie n'est jamais en creux, ni même pavée contrairement à de nombreux présupposés[81]. Toutes ces caractéristiques ainsi que la rectitude différencient nettement la via publica des autres routes gauloises ou moyenâgeuses. En tenir compte éviterait bien de supputations gratuites.



Fig. 35. Profil de la voie.


Rapport entre voie et centuriation.

Il est difficile de parler de rectitude d'une voie romaine sans évoquer ses rapports géométriques avec la centuriation. Nous avons déjà souligné la relation étroite qui existe entre la via Aquitania et la centuriation de Toulouse[82], de la même façon que la via Domitia entretient un rapport strict avec la centuriation d'Orange - Nîmes A[83], dont la carte a été gravée dans les marbres d'Orange. Il existe pas moins de six cadastres[84] autour de Narbonne dont un, Narbonne D, est orienté à ~32° Est, orientation symétrique, rappelons-le, du cadastre de Nîmes. Y aurait-il concomitance entre les deux ? En Languedoc central, la Domitia s'articule essentiellement autour du décuman majeur SD 10[85] de la forma de Nîmes[86]. Ce dernier passe exactement par le forum de Narbonne (fig. 32) après un parcour de près de 210 centuries (148,4 Km). Cette relation ne semble pas fortuite, elle est trop remarquable pour ne pas être signalée. On retrouverait ici un système géodésique de grande ampleur, la colonne vertébrale sur laquelle aurait été construite la via Domitia. Ce système serait de même nature que les trois cartes d'Orange qui couvraient la vallée du Rhône[87].

Un tel système de premier ordre autour lequel les géomètres auraient tracé l'Aquitania existerait-il en Narbonnaise occidentale ? Déjà, A. Perez avait suggéré l'existence d'une telle centuriation (Narbonne / D) (fig. 32) qui s'étendrait de Narbonne à Agen. “D'une emprise gigantesque”[88], elle avait suscité bien des ironies[89]. Cette hypothèse n'est pas dénuée de fondements, mais il est trop tôt pour trancher la question. La recherche de grilles cadastrales dans cette région et l'étude de ses relations avec la via Aquitania, dont le tracé est maintenant précisé, devront donc se poursuivre.




1 E. Dellong. Carte Archéologique de la Gaule. Narbonne et le Narbonnais (11/1). Paris, 2002, ch. VIII, p. 94 et suivantes.

3 http://www.college-de-france.fr/media/ant_nat/. M. Goudineau propose une valeur exacte de 1481,5 m.

4 M. Labrousse. Deux milliaires de la route romaine de Toulouse à Narbonne. Pallas 6, 1958, p. 66. Il estimait que le décumanus passait rue Temponières à 75 m au nord de la place Esquirol, alors que celui-ci passe au sud.

5 Ratio mundi, rapport au monde ; c'est la tangente de l'azimut (tg 5,71° = 1/10).

6 Coordonnées en Lambert III : 0 527,929 ; 3 144,838 ; en UTM : 0 374 404 ; 4 828 618 m.

7 J.-C. Arramond, J.-L. Boudarchouk. Le forum et le temple. Tolosa, p. 220.

8 Carrefour route de Narbonne, chemin de Pouvourville et des maraîchers. Coordonnées du carrefour : 0 375 726 ; 4 824 548 m.

9 Données topographiques et logiciel de navigation sur carte IGN au 1/25 000e.

10 Erreur estimée inférieure à +/- 10 m pour la borne 0 et à +/- 40 m pour la borne 3.

11 Grâce à l'obligeance de Mme Farré, archéologue au musée, que nous remercions vivement.

12 Réalisation d' un fac-similé pour la mairie de Saint-Couat

13 On a lu : IMP. CAESAR | DIVI. F. AVGSTVS. P. P. | PONTIF. MAXVM. | COS.XIII TRIBVNICIA. | 5 POTESTATE. XXXVI (barre en haut) | IMP XIIII (barre en haut) | XX | IVILI DCCC CXXI |  [DC] CCC II | 10 [R ? ou A ?] I R //.
Les chiffres du mille d'une hauteur de 18 cm sont coupés par l'interstice des deux blocs. Le bloc inférieur est écaillé, un raccord a été rapporté ultérieurement. Les signes qui apparaissent ne sont pas gravés, mais dessinés comme pour la barre inférieure du X en particulier. C'est un artéfact de restauration. Nous avons mis entre [ ] les lettres qui ne sont pas retranscrites dans le CIL XVII/II n°298. Tournal (1864, catalogue du musée lapidaire, p. 29) était déjà plus précis. On notera les différences suivantes avec le texte suivant du CIL : 5 POTESTATE XXXVII (sans barre en haut) ; 6 IMP XIIII (sans barre en haut) ; 9 CCCII ; 10 IR.

14 Pour la borne de Saint-Couat, respectivement 921- 901 et 902- 882 = 20 milles de Narbonne. Valeur conforme à l'épigraphie.

15 F. Thiers. La stèle de Fadia Domestica et la voie d'Aquitaine. BCAN, 1891, p. 460.

16 Cartulaire de Mahul, tome 1, 1864, p. 379 et P. Tournal. Bull. monumental 29, 1863, p. 839.

17 Nos recherches près des gués de l'Azagal et du Rec Nègre sont restées vaines.

18 Les deux barres ne se croisent pas. La seconde lettre est plutôt un i et non pas un I. Généralement le mille est inscrit en dernière ligne. Le dernier X est en partie effacé à cause d'une cassure, on lit bien IX et non pas IK. Il faudrait lire K(arcaso) I(ulia ?) C(olonia ) (millia passuum) IX.

19 Nous remercions vivement Mme Devaux de la mairie de Barbaira pour son aide précieuse.

20 E. Dellong. Carte Archéologique de la Gaule. Narbonne et le Narbonnais (11/1). Paris, 2002, ch. VIII, p. 94 et suivantes.

21 J. Euzet. Le problème d'Hosuerbas (sur la Voie d'Aquitaine). Bulletin du Comité Archéologique de Narbonne, 1968, t. 30, p. 77

22 E. Bonnet. Essai sur le tracé réel de la Voie d'Aquitaine. BCAN, 1943, t. 21, p. 257.

23 Distance Narbonne – Carcassonne 63 Km avec CartoExploreur au lieu de 57 Km (38 milles).

24 Auteurs cités : P. de Marca, Astruc, J. P. Cros-Mayrevieille.

25 Et non pas au gué de Raissac.

26 R. Aymé. Tracé de voie antique sur les communes de Conilhac- Corbières, Fontcouverte et Moux, d'après les indices de terrain. B. SESA, 2002, t. CII, p. 33. L'auteur, prudent, ne nomme pas cette voie.

27 R. Aymé. Tracé de voie romaine sur les communes d'Ornaisons et de Névian. B.SESA, 2005, t. CV, p. 35-41.

29 Par exemple le trajet qui serpente à travers les Corbières.

30 Ces radeaux montés sur des outres gonflables permettaient ainsi la traversée du Rhône à Beaucaire –Tarascon, confère les plans cadastraux d'Orange (fragment 7). http://orange.archeo-rome.com/orange01.html

31 La multiplication des indices et des vestiges sur la ligne consolide la probabilité.

32 Ces colonnes sont exposées au musée lapidaire de la Cité.

33 M. Passelac. Carcassonne romaine : observations sur l'organisation urbaine dans la cité et ses abords. Carcassonne : études archéologiques. SESA 2001, p. 45-60.

34 Coordonnées UTM : 0 446 340 ; 4 784 060 m.

35 Vestiges au carrefour des rues Trivalle et Combéléran.

36 La ligne de chemin de fer et la nationale convergent aujourd'hui en ce point.

37 Dossier INRAP. Méthodologie et problématique, p. 17. Un problème d'identification du site : Tricensimum ou simple ferme ?

38 J. Pujol. Note sur le vieux Plan visuel de Barbaira. B.SESA, 1928, t 32, p.365- 369.

39 Sidoine Apollinaire, livre VIII, lettre 3..

40 J. Poux. A propos de la localisation près de Douzens de la station de Liviana. Bull. archéologique. CTHS, 1973, p. 381.

41 Va 4 : 0 464 203 ; 4 781 839 m.

42 En particulier sur la photo Google. On remarque plusieurs traces près de la ferme Barthe (fig. 13).

43 On y a trouvé beaucoup de tuile romaine, de la céramique sigillée (Graufesenque, fig. 14), des débris d'amphores et de dolia, des tessons de vaisselle d'usage courant, des blocs taillés, etc. Des prospecteurs amateurs auraient relevé des monnaies.

44 Présence probable d'une villa au carrefour (sigillés, dépôt d'amphores du IIe et IIIe s. , céramique de Graufesenque, tegulae ) point WGS : 0 467 678 ; 4 782 769). Ces recherches ont été conduites avec M. D. Deville de Moux qui a prospecté plusieurs sites gallo-romains de cette région. Qu'il trouve ici, l'expression de nos sentiments cordiaux reconnaissants (http://didierdeville.club.fr/MOUX/moux1.htm).

45 M. Tournal. Catalogue du musée de Narbonne. 1864, p. 29 et 30.

46 Le 23e mille se trouvait selon notre estimation aux environs des gués de l'Azagal et du Rec Nègre.

47 Elle l'est encore lors des fortes pluies. Le ballast de l'ancienne voie de chemin de fer est à 4 ou 5 m au dessus du sol.

48 WGS : 0 470 412 ; 4 783 245 m.

49 J. Euzet. Problèmes archéologiques dans le Lézignanais occidental. Bulletin SESA, 1967, t. LXVIII, p. 169- 176.

50 Ancienne église décimaire. Sur la carte de Cassini (18e) la chapelle n'est pas en ruine, celles d'Albas et de Saint-Pierre le sont.

51 “ Table sur laquelle sera procédé à la faction du nouveau compoix de Saint-Couat de 1720”. Archives de Carcassonne, doc 4 E 337 1G1. Notes de S. Saillard et R. Hilton (12/2006) qui ont dressé ce plan cadastral.

52 Toponymie qu'on retrouve à “la Rougeante”, à la traversée de l'Orbieu.

53 UTM 31 : 0 472 734 ; 4 781 416 m.

54 Le viticulteur nous a signalé la mise au jour par sa charrue d'un alignement de pierres dans cette vigne. Emplacement noté BXX sur la carte, proche du point théorique de la borne de Saint-Couat.

55 R. Aymé. Tracé de voie antique sur les communes de Conilhac - Corbières, Fontcouverte et Moux (Aude), d'après les indices de terrain. Bull. SESA CII, p. 38. Nous remercions l'auteur de nous avoir encouragés dans ces recherches.

56 R. Aymé. Tracé de voie antique sur les communes de Conilhac - Corbières, Fontcouverte et Moux (Aude), d'après les indices de terrain. Bull. SESA CII, p. 33- 39.

57 VA 11 : 0 475 362 ; 4 781 344 m.

58 La carrière se situe à la Rousselle Basse marquée “Rouges” sur la fig. 24.

59 Parfaitement décrite par R. Aymé.

60 Ce logiciel calcule avec précision les distances parcourues. Il évite les approximations inévitables de lecture de cartes.

61 F. Thiers subodorait qu'elles avaient été déposées dans le prieuré de Fleix, avant son transport dans l'église de Saint-Couat. La stèle de Fadia Domestica et la voie romaine. BCAN 1891, p. 492.

62 J. Euzet. Problèmes archéologiques dans le Lézignanais occidental. BSESA 1917, t. LXVIII, p. 169 - 175.

63 J. Euzet. Le problème d'Hosuerbas (sur la voie d'Aquitaine). Bull. Comité Archéologique de Narbonne, 1968, t. 30, p. 77- 99.

A la recherche d'“Hosuerbas”. BCAN 1959-60, t. 25, p. 87-96..

64 E. Bonnet. Essai sur le trajet réel de la Voie d'Aquitaine. BCAN 1943-46, t. 21, p. 257-259.

65 J. Euzet. Ibid. p. 77-99. Nous avons vérifié toutefois avec Carto Exploreur que ces diverses propositions n'étaient pas compatibles avec les distances des Itinéraires, ni avec l'emplacement des relais ou des milliaires.

66 Deux options suggérées par la carte de Cassini : “l'ancienne route de la poste” par Cruscades et “la route de la poste” par Villedaigne, la N 113, ont été examinées. Leurs distances sont équivalentes, cependant la voie romaine passe par Cruscades.

67 J. Euzet. Recherches sur la Voie d'Aquitaine. BCAN, 1957-59, t. XXIV, p. 1777- 186.

68 Il doit être probablement sur ce petit plateau hors d'eau. Les recherches devront se poursuivre.

69 Nombreuses tegulae dans la vigne.

70 R. Aymé. Tracé de voie romaine sur les communes d'Ornaisons et de Névian. Bull. SESA, 2005, t. CV, p. 35 -41.

71 UTM 31 : 0 487 129 ; 4 781 971m.

72 VQ4 : dépôt d'amphores signalé par J. Euzet et R. Aymé (Ibid).

73 J. Euzet. Les carrassières en pays narbonnais. Bull. SESA, 1963, t. LXIV, p. 27-31.

74 Quelques indices apparaissent sur la photo satellite.

75 J. Laurent-Mathieu. Petite étude sur les vestiges de l'époque gallo-romaine dans la partie orientale du Minervois. B.SESA, 1930, t. 34, p. 69- 95. “ Ils consistaient en 2 couches horizontales superposées de pierres brutes…”

76 E. Dellong. Narbonne et le Narbonnais 11/1. Carte archéologique de la Gaule. 2002, ch. VIII, p. 94-99.

77 UTM : 0500504 ; 4 781 530 m.

78 Ce tracé est unique, même s'il peut être amélioré ou précisé localement. Les diverses hypothèses via le Minervois ou les Corbières ne devraient plus être retenues.

79 Par Villedaigne ?

80 La vitesse moyenne calculée par le logiciel est celle parcourue à pied le long de la voie (5,0 Km/h).

81 J. Laurent-Mathieu. Ibid B.SESA, 1930, p. 80. L'empierrement appartient au soubassement et non pas au dallage.

82 Toulouse, la voie d'Aquitaine et les géomètres romains. http://voies.archeo-rome.com/voies03.html. La voie rentre dans le rapport ½ dans la grille cadastrale de la colonie de Tolosa.

83 L. R. Decramer, L. Lapierre. La centuriation de la colonie romaine de Nîmes, d'après le plan cadastral retrouvé à Orange. Archéologie en Languedoc, n° 29, 2005, p. 61–77. A la sortie de Nîmes, la voie est tracée sur la diagonale 3/5 du réseau..

84 A. Perez. Les cadastres antiques en Narbonnaise occidentale. RAN, 1995, suppl. n° 29, p. 188.

85 Origine : Kardo Maximus du cadastre Orange – Nîmes A, SD 10. Point UTM : 0 625 590 ; 4 861 320 m.

86 L.R. Decramer, R. Hilton, L. Lapierre, A. Plas. La grande carte de la colonie romaine d'Orange. Autour des Libri coloniarum. Colonisation et colonies dans le monde romain. ISTA, oct. 2003, p. 101. La Domitia passe par des points précis de cet axe majeur.

87 La grande carte romaine d'orange. http://orange.archeo-rome.com/orange01.html.

88 A. Perez. Un cadastre romain de Narbonnaise occidentale. RAN, 19, 1986, p. 117- 132.

89 G. Chouquer. Les arpenteurs romains, 1992, p. 134-135 et F. Favory. Retour critique sur les centuriations du Languedoc oriental, leur existence et leur datation. Les formes du paysage, 1996, p. 99 (les charmes du gigantisme). On s'est glosé sur ce “gigantisme” sans analyse véritable, alors qu'on multipliait au même moment comme des “petits pains” les “inventions” cadastrales.